J.C SATÀN + Jessica93

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Prix

euros

Quand ?

On le sait, c’est toujours la première fois qui est la plus forte : il n’y a qu’une seule expérience de la révélation, un seul flash terrassant. Puis c’est la course inévitable, épuisante, à la redite, la recherche fébrile du choc intial, la répétition et l’accumulation vaines, empoisonnées par la conscience, l’analyse, l’âge : et la sensation de la chose diminue à mesure qu’on la connait. Le mille-et-unième groupe de garage de 2018 ressemblera au précédent, et on se demandera, mi-désolé mi-consterné, ce qui pouvait bien nous électriser quand on écoutait les Sonics et les Standells, à l’époque. De même, on compterait sur les doigts d’une main les groupes qu’on a aimés jusqu’au cinquième album, comme J.C.Satàn – presque dix ans après le coup de foudre. Il y en a déjà, on en connaît, qui les ont « trop vus », trop entendus, et qui n’en attendent plus rien. Sauf que. Sauf que les mêmes vont avoir une drôle de surprise, car la bande à Satàn n’a pas seulement fait un cinquième album pour la forme, histoire de justifier la prochaine tournée : elle s’est réunie pour chercher le carburant rare, le courant miraculeux capable de galvaniser nos sens endormis, l’électrochoc nous contraignant à renouer avec l’impression urgente d’être en vie. Centaur Desire est un disque comme une nouvelle première fois, enregistré collectivement (avant, Arthur et Dorian se chargeaient de tout les instruments), porté par un son d’une puissance inouïe (les dernières années ont servi à accumuler du matériel), et traversé par un nouveau groove (Romain enregistre enfin ses parties de batterie, et c’est merveilleux). La voix de Paula, jamais où on l’attend, ajoute au climat de fraîcheur ambiant. C’est donc la panacée, au sens des alchimistes – ce remède universel qui rend la vue aux aveugles, l’audition aux sourds, et la jeunesse aux vieux corps blasés.

Jessica93 fait désormais partie de ces gens dont on « attend » les disques. C’est comme ça. Autant vous le dire tout de suite : Guilty Species ne laissera tomber personne. Ceux qui ont détesté Who Cares? et Rise auront de nouvelles raisons de s’étouffer. Ceux qui les ont usé jusqu’à la corde trouveront encore plus prétexte à s’exciter. Plus immédiat, plus nerveux, plus désabusé aussi, ce quatrième album voit Jessica93 entamer la phase la plus intéressante de son parcours à ce jour : ardente, limpide, délestée de toute digression et portée par des compositions aux mélodies toxiques et à la grâce féroce. À l’image de « R.I.P. In Peace », premier extrait aux effets particulièrement tenaces.

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