Elles bourdonnent, butinent et fabriquent ce doux nectar doré sans lequel nos tartines du matin auraient bien une allure fade. Les abeilles, ingénieuses ouvrières infatigables, sont aussi vieilles que le monde.
Malheureusement, le destin de ces courageuses petites bêtes semble aujourd’hui menacé. Entre pesticides, frelons tueurs et réchauffement climatique, leur espérance de vie ne cesse de s’amoindrir dans des villes comme Annecy. Toutefois, des apiculteurs passionnés et des associations environnementales montent au créneau pour voler à leur secours. On vous en dit plus ici !
Des disparitions inquiétantes
On ne compte plus les reportages, émissions et documentaires consacrés à ce sujet de société encore tabou il y a quelques années. Et pour cause : le constat est implacable. Selon différentes études menées aux États-Unis et en Europe, les populations d’abeilles subissent depuis quinze ans un déclin allant de 30 à 50 %.
Un phénomène troublant lorsque l’on sait à quel point ces virtuoses de la pollinisation sont indispensables à la survie de notre écosystème global. Près de 80 % des espèces végétales cultivées à des fins alimentaires en dépendent directement. La préservation des ruches est donc capitale.
Des causes multiples
Si le mal est identifié, ses origines semblent en revanche plus obscures. Certains experts avancent le spectre des pesticides comme principal responsable. D’autres mettent en cause le frelon asiatique qui prolifère sur le territoire national depuis son introduction accidentelle.
Mais d’aucuns soupçonnent aussi le bouleversement climatique de perturber les délicats équilibres dont ces frêles créatures ont besoin pour prospérer. Quoi qu’il en soit, tous s’accordent à dire que seule une synergie de facteurs interdépendants peut expliquer un dépérissement d’une telle ampleur.
Une sensibilité précoce aux enjeux apicoles d’Annecy
Dès le milieu des années 2010, bien avant que la question du déclin des pollinisateurs n’attire l’attention des médias, Annecy prenait déjà fait et cause pour la défense de ses abeilles urbaines. Capitalisant sur la mobilisation citoyenne et associative, la municipalité décida ainsi de hisser la protection de l’abeille au rang de priorité environnementale.
Par des aménagements ciblés, Annecy espérait dès lors favoriser le maintien de colonies fortes et populeuses au cœur même de son écrin montagneux. De fait, grâce à la sensibilisation de ses administrés et aux nombreuses actions engagées sur le terrain, la cité savoyarde semble avoir rempli son contrat durant ces premières années d’engagement pro-apicole.
Le legs des premières actions en faveur du guêpier citadin
Parmi les mesures pionnières entreprises par Annecy au profit du guêpier citadin, deux initiatives retiennent particulièrement l’attention. Tout d’abord, l’offre d’un foyer confortable sous la forme de ruches d’observation directement accessibles au public. Visant à attiser la curiosité des Annéciens pour leurs voisines ailées tout en garantissant la tranquillité des colonies, cette initiative rencontra un franc succès et perdure encore à ce jour.
Ensuite, l’inventaire minutieux des plantes mellifères présentes en milieu urbain et la cartographie des sites les plus hospitaliers pour les butineuses constituèrent un apport précieux pour mieux comprendre et répondre aux besoins spécifiques des abeilles locales. De ces deux réalisations pionnières découla une véritable prise de conscience collective quant à la nécessité d’agir pour la sauvegarde des précieux insectes.
Un essoufflement des initiatives pro-abeilles ?
Pour autant, le bouillonnement des premières années aurait-il laissé place à une forme de démobilisation ? Il est vrai que les avancées profitables aux abeilles annéciennes sont encore visibles.
Toutefois, face à l’intensification des menaces qui pèsent sur les colonies d’abeilles domestiques, ces actions cosmétiques apparaissent bien dérisoires. Qu’en est-il des engagements cruciaux tels que la réduction drastique des pesticides ou la lutte contre l’étalement urbain ? Sur ces sujets, force est de constater le peu d’empressement de la municipalité à convertir les discours en actes tangibles à la hauteur des défis.
Comment inverser la tendance et raviver la flamme ?
Ce désintérêt relatif pour la défense des abeilles urbaines n’est pas irréversible pour autant. D’abord, Annecy gagnerait à amplifier ses campagnes de communication afin de maintenir un haut niveau de sensibilisation de ses administrés aux questions apicoles.
Ensuite, la mairie ferait bien d’assouplir certaines contraintes qui entravent l’apiculture de proximité, gage de liens renforcés entre citoyens et abeilles. Enfin, Annecy aurait tout intérêt à nouer des partenariats étroits avec des associations spécialisées ainsi que la profession apicole, ces acteurs de terrain étant parfois mieux à même d’apporter des solutions concrètes au déclin des colonies urbaines.
La préservation des ruches : des solutions disponibles ?
Avec la diminution inquiétante de la population des abeilles et leur rôle essentiel dans le maintien des écosystèmes, la préservation des ruches est primordiale. Les apiculteurs ont à leur disposition plusieurs méthodes pour protéger leurs colonies, certaines très naturelles et d’autres plus techniques. Un entretien approprié des ruches permet d’assurer la survie des abeilles tout au long de l’année.
L’huile de lin : alliée naturelle de la ruche
L’huile de lin est connue pour protéger efficacement le bois. Elle pénètre à l’intérieur, le durcit et le rend imperméable. Appliquée sur une ruche en bois, elle la protège ainsi de l’humidité et des intempéries. De plus, cette huile est inodore et sans danger pour les abeilles. Et cerise sur le gâteau, la fleur de lin étant très nectarifère, elle sera une source de nourriture bienvenue aux alentours de la ruche.
Avant d’appliquer l’huile de lin, il est essentiel que le bois soit parfaitement sec. En effet, si le bois contient encore de l’humidité, il n’absorbera pas correctement l’huile. Privilégiez donc les périodes sèches et ensoleillées pour traiter votre ruche. Étalez au pinceau 2 couches généreuses en laissant sécher. Laissez agir durant 2 semaines avant de réintroduire les cadres et les abeilles dans la ruche pour que l’huile imprègne complètement le bois.
Pour maximiser les effets protecteurs de l’huile de lin, n’hésitez pas à traiter toutes les surfaces extérieures de la ruche : les parois bien sûr, mais aussi le fond, le toit et même le plancher si votre ruche en possède un. L’idéal est de démonter entièrement votre ruche avant l’application pour accéder à toutes les faces. Si ce n’est pas possible, contentez-vous au minimum des surfaces visibles.
Lutter contre le varroa : ce parasite virulent
Le varroa est un acarien parasite redoutable qui s’attaque aux abeilles. Pour lutter contre lui, l’acide oxalique s’est révélé être le produit le plus efficace. Mélangé à du sirop, il suffit de l’asperger à l’intérieur de la ruche entre les cadres. Malgré sa toxicité, il est sans danger une fois dilué.
La posologie recommandée est de 35 grammes d’acide oxalique pour 1 litre de sirop. À l’aide d’une seringue doseuse, déposez 5 ml de cette préparation sur chaque interstice entre les cadres de la ruche. Répétez l’opération tous les 5 jours pendant 15 jours. Attention néanmoins à bien vous équiper de gants, lunettes et masque de protection durant toute la manipulation du produit pur !
Le traitement à l’acide oxalique doit être réalisé pendant une période de non-ponte, lorsqu’il n’y a pas de couvain dans la ruche. En effet, les varroas se réfugient à l’intérieur des cellules operculées pour se reproduire, les rendant inatteignables. Pour maximiser l’efficacité, traitez donc votre ruche entre fin novembre et fin décembre ou éventuellement début mars.